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DOSSIER - Immigration : la désintox !



dimanche 01 octobre 2023

Elisa Martin - Le Journal de l'insoumission n°1778 (Octobre 2023)

 

Crise migratoire ou crise de l’accueil : il est temps de changer de prisme pour faire face à la future loi immigration !

 

Sénat puis Assemblée nationale vont examiner la 21e loi sur l’immigration en vingt-deux ans. D’emblée cette accumulation interroge. Faut-il l’interpréter comme un échec des précédentes lois ? Depuis 2015, le pays s’est fermé : la pleine application de l'accord de Schengen a été levée avec un rétablissement de contrôles aux frontières. Si l’on doutait de la fermeture de nos frontières, il est possible d’évoquer ces lieux, dits de mise à l’abri, dont un se trouve à la frontière franco-italienne, à Menton. Dans ces lieux, les personnes dont femmes et enfants sont retenus sans droit, ni titre. Leur crime : avoir traversé la frontière. Elles sont maintenues le temps d’être renvoyées de l’autre côté, refoulées. Face à cela, les exilés finissent par courir tous les dangers pour entrer et ce, quelle que soit la hauteur des murs ou des sommets alpins.
La France terre d’accueil ? Le taux d’immigration actuel, c’est-à-dire le nombre d’entrées rapporté au nombre d’habitants, s’élève à 0,4. C’est deux fois moins que l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas et trois fois moins que la Suède et l’Autriche. Un pays forteresse dans une Europe forteresse qui engendre toujours plus de morts et de disparus,
dans une déshumanisation totale. En 2023, au moins 2 000 personnes dont des femmes et près de 300 enfants ont péri dans la mer Méditerranée. Ce chiffre ne tient pas compte des très nombreux disparus. Un véritable cimetière à ciel ouvert.
La réalité est là : des gens meurent par milliers et la France se protège derrière ses remparts. La France pays des Droits de l’Homme n’est aujourd’hui que l’ombre d’elle-même, avec un gouvernement ne misant que sur l’expulsion face à ce qu’il qualifie de grande vague migratoire. Pourtant et actuellement, 86 % des personnes déracinées vivent dans des pays en développement d’après Oxfam. Seule une minorité arrive jusqu’en Europe. Voilà la réalité : il n’est question ni de grande vague migratoire et encore moins de grand remplacement !


Vers un accord entre Macron, LR et l’extrême droite ?


Le projet de loi Darmanin compte restreindre le droit des étrangers, avec, entre autres, une accélération des prononcés d’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Le gouvernement s’est aussi dit ouvert à une discussion sur la remise en cause de l’Aide Médicale d’État. Une restriction de l’accès au droit d’asile est également annoncée : le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ne sera plus représenté lors des jugements.
L’accès à un titre de séjour provisoire d’une année pour exercer un métier en tension, dont la liste est variable d’une année à l’autre et d’un département à l’autre, a pour objectif premier d’augmenter le réservoir de main-d’œuvre en faveur du patronat, pas de sécuriser durablement les exilés.
Au lieu de durcir encore la politique migratoire de la France, et de se détacher davantage du respect des droits humains fondamentaux, il est temps de changer de prisme et de régler la crise de l’accueil. L’heure est à l’ouverture, à la coopération et au développement de moyens pour permettre à chacun de ne pas avoir à s’exiler, pour accueillir dignement ceux qui arrivent jusqu’en France (dont les mineurs), et faire respecter strictement le droit d’asile. Pour prendre pleinement en considération « l’effondrement climatique » qui touche notre planète selon le secrétaire général de l’ONU, un statut de réfugié climatique doit être créé. L’heure est de se rappeler que les droits humains s’appliquent de manière inconditionnelle : les hommes, femmes et enfants exilés n’en sont pas une exception.

 


Les vrais chiffres de l’immigration 

  • 86% des réfugié.es sont accueilli.es dans un pays en développement (source : UNHCR, 2020)
  • 97% de la population mondiale est actuellement sédentaire (source : ONU)
  • L’accès aux soins pour les personnes sans titre de séjour représente 0,4% de l’ensemble des dépenses de santé françaises (source : mutualité française 2021)
  • Les personnes qui ont obtenu l’asile en France en 2021 ne représentent que 0,07% de la population (source : ministère de l’Intérieur 2021/INSEE 2022)
  • La population étrangère vivant en France représente 7,8% de la population totale (source : INSEE)
  • Sur la période 2006-2018, la contribution budgétaire nette des personnes nées à l’étranger est de + 1,02 % du PIB (source : OCDE)
  • Les personnes sans papiers n’ont pas le droit aux prestations sociales à l’exception de l’aide médicale d’État (source : code du travail, code de la sécurité sociale, code de l’action sociale)
  • Depuis 2012, la France a été condamnée 8 fois par la Cour européenne des droits de l’Homme pour avoir enfermé des familles avec enfants en rétention (source : CEDH)